Une question me chicote encore et toujours. Quand nous serons vieux et que nos forces auront diminué, comment fera-t-on pour poursuivre nos batailles, nos revendications et nos rêves ? Nos aspirations seront-elles reléguées aux confins de l'oubli ? Et puis, en portant le regard sur ma six-cordes, j'ai cru avoir trouvé un chemin à emprunter...
Quand nos cheveux seront clairsemés, qu’on sera plus fatigués
Trop vieux pour se révolter
Quand nos valeurs seront remisées quequ’part dans un musée
Qu’est ce qu’on fera pour résister ?
Quand y auront fini par nous faire croire qu’on est trop petits pour changer l’histoire
Quand s’écouleront les eaux des rivières sur nos vieux rêves identitaires
On lèvera nos guitares au nom de la liberté
En entonnant un refrain de Paul Piché
Comme un élan du cœur contre les idées noires
On criera qu’y a encore quequ'chose dans l’ciel à soir
Quand les traces de notre passé se seront évaporées
Nos statues déboulonnées
Quand elles seront remplacées par les bustes en acier
De quelques influenceurs adulés
Quand l’essence de toute conversation sera nivelée par les bas-fonds
Quand l’ineptie fera les podiums, y sera encore temps qu’on résonne
Avec une vieille guitare et une couple de vieux chums
On se jouera une symphonie d’Harmonium
Et même si on n'a plus l’ardeur de nos vingt ans
On pourra refaire le monde pour un instant
Des accords de Clémence pour les jours de doutance
Un chant d’Elisapie les soirs de nostalgie
Le courage de Leclerc pour ne jamais se taire
Et les mots de Rivard pour se dire qu’on est faits forts
Un bon groove de Corneille pour nous ramener le soleil
Un air de Saramée pour se métisser serrés
Le génie de Leloup comme notre gang de fous
Et une toune de Ferland pour hurler qu’on est encore vivants
Quand nos cheveux seront grisonnants, qu’on sera plus fatigants
Les vénérables dissidents
Quand nos espoirs de liberté se verront réprimés
Qu’est ce qu’on fera pour exister ?
On grattera nos guitares pour se donner du courage
En chantant une douce mélodie de Beau Dommage
Et redevenir encore ces enfants en cavale
Qui faisaient la joie des ruelles de Montréal
Stéphane à la guitare, Nathalie au piano
On s’poussera un p’tit rigodon de Gilles Vigneault
Et quand les instruments feront vibrer le salon
On sera soudainement de retour à Saint-Dilon
Avec la gang d’amis et Richard et ti-Guy
On célébrera les gens de mon pays