Observer le ciel m'a toujours fasciné. Dans ma tendre jeunesse, j'avais pris l'habitude d'imaginer un jeu plutôt particulier en suivant les nuages des yeux. Cette année encore, par une froide journée d'automne, je me suis permis d'y rejouer, mais dans un but bien différent.
Je garde souvenir de mon cœur d’enfant
Qui créait des chimères pour y déjouer le temps
Couché dans l’herbe haute, contemplant l’horizon
J’étais un astronaute sur la constellation
À la barre de mon vaisseau scintillant
Sur les parois blanchâtres d’un nuage de soie
J’y laissais à la hâte quelques photos de moi
Et la brume céleste s’éloignait lentement
Transportant ma jeunesse à l’ambition du vent
Offrant mon histoire chemin faisant
Souffle mes espoirs dans l’atmosphère
Mon improbable messager
J’attendrai tranquille les visages espérés
Avant qu'ils ne disparaissent en fumée
Me reviendront-ils par l’autre côté
Juste avant qu’on m’appelle pour le dîner
Quarante fois septembre sous un ciel aussi bleu
Je me suis fait surprendre à poursuivre le jeu
Étendu dans l’humus et les feuilles mouillées
J'accroche un cumulus et j’envoie ma fusée
La confiance et les moteurs déployés
Sur les ailes en duvet de la nuée perdue
Des images de l’homme que je suis devenu
Et l’ombre volatile entreprend sa mouvance
Comme je pars en exil pour combler ton absence
Et te retrouver dans l’absolu
Souffle mon âme sur la stratosphère
Mon improbable messager
J’attendrai tranquille un visage familier
Avant qu'il ne disparaisse en fumée
Et quand il reviendra par l’autre côté
Ma mère m’appellera pour le dîner